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valGarden - Le jardin de Valentin
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29 mars 2007

Mon programme, c'est de l'argile qui va sécher... quand je vous aurai (enc-)élu

Je pousse un coup de gueule contre ces programme qui s'établissent au jour le jour, qui changent tous les quatre matins !

D'un coté on a un candidat de l'UMP qui annonce avec roulements de tambours médiatiques un programme qui va révolutionner la France ! J'annonce ci, j'annonce ca ; puis quand les analystes se font interrogateurs, "remetteurs en question", on se dégonfle, on se ramollit, on se malléabilise, on devient insaisissable. Comment cela est-ce possible ?

On pourrait dire que la presse ne fait pas son boulot. Vous savez, pas la "presse qui se lève tôt", mais celle qui prend les communiqués que lui pondent les agences de presse type AFP, Reuters, AP et qui les recrache sans y toucher ou presque. Ca c'est de la presse de merde.

Alors c'est cette presse en somme plutot "figée", c'est-à-dire qui ne fait pas de surprise, et qu'ont su appréhender les appareils politiques traditionnels. Cette presse est devenue "associée" de ces politiques, comme un vendeur aurait un fournisseur, des clients ; et bien cette presse n'est qu'un maillon de la chaine dans le circuit de la communication politique, ou plus généralement des institutions qui s'expriment de nos jours.
C'est en somme un acteur pas trop difficile à appréhender, presque un partenaire.

Ce qui me révolte, c'est que cette presse, qui met généralement une bonne dynamique à disposition des politiques classiques, n'a en fait aucune dynamique pour contredire une information qu'elle aura elle-même diffusée à tort, en se trompant. Car aucune agence de presse (voir plus haut si vous avez déjà oublié) ne va lui donner cette information contradictoire. C'est là qu'entre en jeu le travail du journaliste, proche de la définition noble qu'on s'en fait.
Connaissez-vous un journal qui génère une information qui diffère de la musique harmonieuse qui se joue dans les journaux à fort tirage ? A commencer par les 20 minutes, Métro, qui excellent dans l'art d'être un relais des agences de presse, mais qui n'ont aucune activité de contre-information, ou au moins de rectificatif de l'information erronée.

Certes Le Monde s'éloigne un peu de cette définition, Le Figaro moins encore...

Tout cela demande de l'énergie, du temps, de l'argent, de la volonté. Je devine les "journalistes" de ces journaux soit précarisés à se serrer la ceinture, et peu enclins à faire plus que ce que leur situation très exigeante ne leur demande, ou bien jeunes, représentant une nouvelle génération de journalistes qui n'a rien à voir avec la définition noble d'antan (voir, encore une fois, plus haut si vous avez déjà oublié), et qui fait betement son travail sagement comme on le lui a appris, et qui n'aurait pas la folie d'esprit de remettre en cause le système de consommation qui l'entoure, et dans lequel il participe à la confection des produits prets-à-consommer puis à jeter ensuite.

Un exemple d'information erronée qui me turlupine en fait. Le blog Sarkostique avait fait état de l'incohérence entre le nombre de personnes annoncées par l'UMP au cours de l'investiture du candidat UMPiste en janvier dernier, et la capacité réelle du Hall utilisé au cours de ce meeting. Les média ont repris betement ce chiffre, alors qu'une analyse aurait permis de vérifier que ces informations n'étaient pas cohérentes.

Le système médiatique d'aujourd'hui asphyxie le citoyen, consommateur d'information. D'ailleurs on a bien fait de lui dire qu'on entrait dans l'ère de la société de l'information. Cela remplit les poches des groupes qui ont de l'activité dans les médias, par la dynamique que peut engendrer une communication sur un concept comme celui-là. Nous constatons que le dégagement de marges dépasse le souci d'éthique.
J'ai peut-etre l'air gauchiste ou quelque chose comme ca. Il n'en est rien. Je commence simplement à etre écoeuré du système qui m'entoure et que je décris depuis le début de ce billet : où est l'agilité intellectuelle ? La force ? L'indépendance ?

Oui, je l'ai trouvée. Malheureusement elle ne dispose pas d'une page internet, mais je vais recopier les grandes lignes trouvées dans le bimestriel du magazine Manière de voir, édité par Le Monde Diplomatique :


Journalistes Précaires,
Journalistes au quotidien

en librairie le 20 mars        896 pages -- 18 €         Agone -- www.agone.org

Le grand public ignore généralement à quel degré de médiocrité intellectuelle et d'imposture morale est parvenue cette corporation, où une minorité privilégiée régente avec arrogance et sans compassion une masse de jeunes gens auxquels quelques années d'études post-baccalauréat ont permis d'atteindre ce niveau officiellement certifié d'inculture branchée et culottée, bavarde et narcissique, que semble apprécier et favoriser le monde politico-médiatique.
En plus d'un ensemble d'analyses des conditions sociales de fonctionnement, le lecteur trouvera, sous la forme d'entretiens approfondis avec divers professionnels, une série de témoignages à la fois très éclairants et très émouvants sur le monde journalistique. Et, au-delà, sur une intelligentsia prolétaroïde dramatiquement représentative de ce que les métiers de la communication sont devenus aujourd'hui.



J'en profite pour placer un lien vers un numéro du périodique Agone (l'entité dont émane le livre décrit ci-dessus), intitulé "Domestiquer les masses". Le contenu est alléchant et excite mon intellect.

Extrait choisi :
Les lieux de loisirs, George Orwell
Une bonne part de ce que nous appelons « plaisir » n’est rien d’autre qu’un effort pour détruire la conscience. Et le bonheur ne peut résider dans le fait de pouvoir tout à la fois et dans un même lieu se détendre, se reposer, jouer au poker, boire et faire l’amour. L’horreur instinctive que ressent tout individu sensible devant la mécanisation progressive de la vie est une réaction pleinement justifiée. Car l’homme ne reste humain qu’en ménageant dans sa vie une large place à la simplicité, alors que la plupart des inventions modernes tendent à affaiblir sa conscience, à émousser sa curiosité et, de manière générale, à le faire régresser vers l’animalité.

voici le lien : http://atheles.org/agone/revueagone/agone34/


Enfin, pour terminer, je vous donne la dépeche Reuters publiée par le Monde qui avait provoqué ma colère. Désolé, je n'ai pu m'empecher de l'annoter...



Nicolas Sarkozy ne s'engage pas sur les prélèvements

28.03.07 | 19h40      

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy ne s'engage pas sur une baisse des prélèvements obligatoires mais promet de ne pas augmenter les impôts et affirme dans son programme pour l'élection présidentielle qu'il fera tout pour les baisser. [Rien n'est sûr... pourquoi faire confiance à un type comme-ca qui a déjà trahi ses collègues ? Pourquoi ne nous trahirait-il pas ? NDB]

"Je n'augmenterai pas les impôts [Comme l'a promis Bayrou depuis le début, NDB] mais au contraire ferai tout pour les baisser", écrit le candidat dans ce texte publié sur le site internet de La Tribune.

[On se trouve donc devant une régression de son programme, par rapport à ce qui avait été annoncé dans le début de sa campagne. En comparaison, Bayrou, qui a davantage préparé sa campagne, a été cohérent dès le début en annoncant qu'il n'y aurait ni hausse, ni baisse, mais statu quo à ce sujet s'il était élu président. Malheureusement une majorité d'électeurs en sera dupe, NDB]

"Je ne vois pas quelle gloire on peut tirer du fait que nos impôts sont quatre points plus élevés que la moyenne de l'Union européenne à 15", ajoute-t-il.

Le candidat UMP à l'Elysée avait déclaré en janvier qu'il entendait réduire de quatre points le taux de prélèvements obligatoires qui aurait atteint 44,4% du PIB en 2006, selon Bercy.

"Réduire de quatre points les prélèvements obligatoires revient à rendre 68 milliards d'euros aux Français" , expliquait alors le président de l'UMP précisant qu'il s'agissait de "2.000 euros rendus aux Français par foyer et par an, y compris les retraités, et 4.900 euros par foyer si l'on s'en tient à la France qui travaille"

[Pourquoi stigmatiser sur cette France-là ? Les retraités ne font pas partie de la France qui travaille. Sarko les exclut donc. Pourquoi ne les met-il pas à part avec cette France qui travaille, en ne stigmatisant que les non-travailleurs ? Il n'en a pas besoin en fait. Car ceux dont certaines aires du cerveau sont excitées -- regardez les zones en rouge sur la photo sic -- par ce procédé qui met de coté ceux qui travaillent, ne penseront, par cette stigmatisation, qu'aux chomeurs fainéants. La raison est simple : l'émotionnel court-circuite l'intellect. Et comment ne pas réagir émotionnellement à cette formule de Sarko lorsqu'on s'est laissé convaincre -- sans que Sarko ne le dise clairement, mais juste en laissant aux esprits faibles de finir le raisonnement tronqué -- que les non travailleurs sont responsables du mauvais pouvoir d'achat, des conditions de vie pourrie, de l'insécurité, des quartiers pourris, des bandes de jeunes ? Non, ce n'est pas rationnel. Car c'est brouillé par l'émotionnel. Je le sais. Je connais ce système car je me connais. Mais j'ai su surpasser ce défaut qui tue toute tentative intellectuelle de plus de cinq minutes chez certaines personnes. NDB]

Devant les critiques soulevées par cette proposition y compris dans les rangs de l'UMP, Nicolas Sarkozy avait ensuite expliqué qu'il se donnait dix ans [ !!! dix ans !!! aux oubliettes les grandes promesses "médiatiques", NDB] pour parvenir à ce résultat, et non une seule mandature.

Une autre mesure proposée par le candidat n'est pas reprise dans le texte de son programme : il s'agit de la franchise "de quelques centimes d'euros à quelques euros" destinée à responsabiliser les patients dans leur consommation de soins.

Nicolas Sarkozy confirme en revanche sa volonté de supprimer les droits de donation et de succession "pour que les familles, à l'exception des plus riches [voilà quelque chose de bizarre, Nicolas Sarkozy qui tourne le dos à ses potes... Ca sent vraiment l'entourloupe par un chemin détourné, NDB], puissent transmettre librement le fruit du travail de toute leur vie à leurs enfants".

FISCALITE MOINS DISSUASIVE

De même, il réitère son engagement de permettre la déduction de l'impôt sur le revenu des intérêts d'un emprunt immobilier contracté pour devenir propriétaire.

En matière de retraite, le candidat UMP s'engage à augmenter de 25% le minimum vieillesse, à relever les petites retraites et les pensions de reversion "pour que ces retraités vivent mieux".

"Ces mesures seront financées grâce aux économies que j'obtiendrai en réformant les régimes spéciaux de retraite", ajoute-t-il sans en dire davantage sur ce sujet brûlant.

Dans le chapitre "vaincre le chômage" de son document, le président de l'UMP annonce qu'il "rapprochera la fiscalité des entreprises de la moyenne européenne car il est évident que personne ne viendra créer des emplois chez nous si notre fiscalité continue à être la plus dissuasive d'Europe".

"Je ferai tout pour réduire la fiscalité qui pèse sur le travail", affirme-t-il.

Dans le chapitre "augmenter le pouvoir d'achat", le candidat lance quelques piques aux gouvernements de ces dernières années en affirmant que "depuis des années, on vous dit que votre pouvoir d'achat augmente. C'est faux".

"Avec l'euro qui a fait augmenter les prix, les 35 heures qui ont gelé les salaires, le coût du logement qui a explosé, et nos impôts qui sont parmi les plus élevés du monde, le pouvoir d'achat baisse en France", affirme-t-il.

"Je veux être le président du pouvoir d'achat", annonce l'ancien ministre de l'Intérieur qui confirme sa proposition consistant à ce que les heures supplémentaires soient payées "au moins 25% de plus que les heures normales et qu'elles seront exonérées de toute charge sociale et de tout impôt".

            

Je souhaiterais ajouter que, certes, Bayrou n'est pas parfait. Qu'il a des caractéristiques de droite (un peu de gauche également).
mais, pour le suivre dès le début, c'est un candidat qui a su rôder son programme. Il n'est pas revenu sur sur des points "médiatiques" de sa campagne.
Il me semble que pour Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, au contraire, c'est chaque semaine qu'ils reviennent sur un point de leur programme dont ils se sont aperçus de l'incohérence ou de l'irréalisabilité. Qu'ils retouchent la masse argileuse avant qu'elle ne durcisse définitivement.
C'est cette stabilité chez Bayrou qui me rassure, autant que l'esprit pragmatique derrière. En effet le candidat démocrate annonce qu'il va "essayer". Il y a une prudence affichée avec sincérité qui tranche avec les "je vais" des deux autres candidats cités ci-dessus, et dont la liste s'amenuise avec les semaines qui passent. Heureusement pour eux, il ne reste plus beaucoup de semaines avant le premier tour de l'élection, donc on ne les entendra plus le dire très longtemps. Malheureusement, c'est l'électeur qui s'en rendra compte un matin, quand il se réveillera en ayant mal aux fesses...

Valentin1979

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